Le Canada a connu six gouvernements minoritaires en 50 ans
Norman Delisle
Le Soleil mardi 8 juin 2004
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PC - Les Canadiens ont élu des gouvernements minoritaires à six reprises depuis 50 ans à Ottawa.
Le dernier épisode d'un gouvernement minoritaire date de 1979. Lors des élections tenues le 22 mai cette année-là, les conservateurs dirigés par Joe Clark prenaient 136 sièges, 22 de plus que les libéraux de Pierre Elliott Trudeau qui en détenaient 114. Mais la Chambre des communes comptait aussi 26 néo-démocrates et 6 créditistes, de sorte que les forces de l'opposition combinée regroupaient 146 députés.
Ce qui devait arriver tôt ou tard se produisit. En décembre 1979, le budget présenté par le gouvernement Clark est battu aux Communes, provoquant un nouveau scrutin où les libéraux de Pierre Elliott Trudeau devaient sortir vainqueurs avec une majorité absolue.
Dans les décennies 1960 et 1970, ces mêmes libéraux avaient connu des problèmes, avec trois gouvernements minoritaires issus des élections de 1963, 1965 et 1972.
En 1963, il ne manquait que quelques sièges aux libéraux, alors dirigés par Lester B. Pearson, pour obtenir la majorité absolue.
Les libéraux avaient secrètement convaincu six députés québécois élus sous l'étiquette du Crédit social, d'appuyer le gouvernement Pearson. Cette stratégie, sévèrement critiquée dans le temps, avait permis une stabilité gouvernementale en Chambre jusqu'au scrutin suivant.
En 1957, c'était le nouveau premier ministre conservateur John Diefenbaker qui s'était retrouvé au pouvoir à la suite de sa mince victoire sur les libéraux, alors dirigés par Louis Saint-Laurent.
Le gouvernement Diefenbaker n'avait duré qu'un an, mais l'année suivante, M. Diefenbaker avait été réélu avec une des plus grosses majorités de l'histoire, soit 209 des 265 sièges des Communes, dont 50 sur 75 au Québec.
Mais jamais le phénomène du gouvernement minoritaire ne s'est produit au Parlement de Québec depuis plus d'un siècle, soit depuis 1900.
Cette possibilité avait néanmoins raté de peu sous Maurice Duplessis en 1944. L'Union nationale avait en effet fait élire 48 députés à l'Assemblée nationale (alors appelée Assemblée législative), contre 43 à l'opposition, dont 37 libéraux, 4 élus du Bloc populaire, 1 du Parti ouvrier et 1 indépendant.
Avant 1900, il y avait eu des gouvernements minoritaires au Québec, mais le partage des sièges entre la majorité et la minorité est une entreprise aléatoire, car plusieurs députés changeaient de camp, votaient avec leurs adversaires ou faisaient partie d'une coalition gouvernementale.
Les gouvernements minoritaires sont souvent appréciés de la population. Le parti ministériel veut alors préparer sa victoire pour le scrutin suivant en présentant des lois et des mesures populistes, susceptibles de plaire à l'électorat et d'assurer un meilleur appui populaire au parti gouvernemental.
Norman Delisle
Le Soleil mardi 8 juin 2004
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PC - Les Canadiens ont élu des gouvernements minoritaires à six reprises depuis 50 ans à Ottawa.
Le dernier épisode d'un gouvernement minoritaire date de 1979. Lors des élections tenues le 22 mai cette année-là, les conservateurs dirigés par Joe Clark prenaient 136 sièges, 22 de plus que les libéraux de Pierre Elliott Trudeau qui en détenaient 114. Mais la Chambre des communes comptait aussi 26 néo-démocrates et 6 créditistes, de sorte que les forces de l'opposition combinée regroupaient 146 députés.
Ce qui devait arriver tôt ou tard se produisit. En décembre 1979, le budget présenté par le gouvernement Clark est battu aux Communes, provoquant un nouveau scrutin où les libéraux de Pierre Elliott Trudeau devaient sortir vainqueurs avec une majorité absolue.
Dans les décennies 1960 et 1970, ces mêmes libéraux avaient connu des problèmes, avec trois gouvernements minoritaires issus des élections de 1963, 1965 et 1972.
En 1963, il ne manquait que quelques sièges aux libéraux, alors dirigés par Lester B. Pearson, pour obtenir la majorité absolue.
Les libéraux avaient secrètement convaincu six députés québécois élus sous l'étiquette du Crédit social, d'appuyer le gouvernement Pearson. Cette stratégie, sévèrement critiquée dans le temps, avait permis une stabilité gouvernementale en Chambre jusqu'au scrutin suivant.
En 1957, c'était le nouveau premier ministre conservateur John Diefenbaker qui s'était retrouvé au pouvoir à la suite de sa mince victoire sur les libéraux, alors dirigés par Louis Saint-Laurent.
Le gouvernement Diefenbaker n'avait duré qu'un an, mais l'année suivante, M. Diefenbaker avait été réélu avec une des plus grosses majorités de l'histoire, soit 209 des 265 sièges des Communes, dont 50 sur 75 au Québec.
Mais jamais le phénomène du gouvernement minoritaire ne s'est produit au Parlement de Québec depuis plus d'un siècle, soit depuis 1900.
Cette possibilité avait néanmoins raté de peu sous Maurice Duplessis en 1944. L'Union nationale avait en effet fait élire 48 députés à l'Assemblée nationale (alors appelée Assemblée législative), contre 43 à l'opposition, dont 37 libéraux, 4 élus du Bloc populaire, 1 du Parti ouvrier et 1 indépendant.
Avant 1900, il y avait eu des gouvernements minoritaires au Québec, mais le partage des sièges entre la majorité et la minorité est une entreprise aléatoire, car plusieurs députés changeaient de camp, votaient avec leurs adversaires ou faisaient partie d'une coalition gouvernementale.
Les gouvernements minoritaires sont souvent appréciés de la population. Le parti ministériel veut alors préparer sa victoire pour le scrutin suivant en présentant des lois et des mesures populistes, susceptibles de plaire à l'électorat et d'assurer un meilleur appui populaire au parti gouvernemental.